Le Catéchisme hindou Sivaïte

Chapitre Huit

1. Septième croyance, à propos du mahadeva:

Le dieu Skanda

2. Huitième croyance, à propos de:

La science ésoterique des temples

3. Neuvième croyance, à propos de:

Karma, samsara, et délivrance

Leçon 50

Lundi
Soirée en Famille
Où Gurudeva explique la grâce
et enseigne les bonnes attitudes envers le puja.

Aspirant: Gurudeva, qu’est-ce que la grâce révélatrice? Comment peut-on la mériter?

Gurudeva: La grâce révélatrice, c’est Siva accordant une profonde prise de conscience qui lève les voiles de l’ignorance pour laisser voir et connaître le Cela qui, depuis le début des temps, n’a jamais été ailleurs qu’en vous-même. La grâce provient de Dieu et des dieux. Pour vous préparer à la recevoir: soyez simplement perséverant et constant dans vos dévotions et vos disciplines.

Une fois que votre vie repose fermement sur la bhakti, une grande shakti, une grande puissance, se manifeste en vous. L’effet de la grâce, c’est un évènement ou une expérience qui, sans elle, n’aurait pas eut lieu. La grâce se manifeste lorsque l’âme en arrive à un certain point par rapport à son karma, parce que vous avez tout bien accompli jusqu’à ce moment-là. Nous devons nous attendre à ce que la grâce du Seigneur Siva nous comble de bénédictions et transforme notre vie. La grâce, c’est ce que désirent avec ardeur les dévots de Dieu Siva, ce pour quoi ils implorent, prient, et font tout leur possible pour bien faire. Pourtant, elle s’accorde souvent d’elle-même, sans qu’on s’y attende, sans qu’on ait demandé ou merité. Tel est l’amour que Siva déverse éternellement sur nous.

Aspirant: Comment est-ce que les dieux communiquent avec nous?

Gurudeva: Parfois par le rêve, par une vision, plus souvent par la transmission de pensée, et par d’autres moyens encore qu’on ne remarque pas.

Le plus souvent, la communication active, ou va-et-vient d’énergies, a lieu pendant les cérémonies faites au temple ou chez soi--les dieux projetant vers le dévot certaines couleurs et sonorités qui proviennent de leur propre corps de l’âme. On peut aussi les contacter par les flammes du homa, en y offrant des prières écrites. Dès que le papier devient cendre, son double étherique composé de matière pranique-astrale se détache de ce monde pour réapparaître immédiatement dans le Deuxième Monde. Là, il est recueilli de l’akasha par l’un des devas qui assistent à ce homa, y ayant été attirés par le tintement de la cloche. Il lit la prière à haute voix, puis la passe au deva ou au dieu qui est le mieux placé pour l’exaucer.

Aspirant: Quelle doit être notre attitude pendant le puja?

Gurudeva: Les paroles et les gestes sont certes bien importants, mais c’est surtout la qualité de nos sentiments intérieurs, nos pensées, notre dévotion et amour, qui font les plus convenables des offrandes. Rien n’est plus agréable aux dieux que la dévotion sincère. Et célébrer le puja, ou y assister, avec concentration et révérence, c’est offrir notre amour et notre profonde contemplation à leurs saints pieds. L’idéal, c’est d’atteindre à des niveaux de communication de plus en plus profonds, tandis qu’intérieurement, nous cultivons humilité et amour. Lorsqu’on officie soi-même, on ne jette pas simplement des fleurs vers l’image divine, on les offre vraiment, chacune. On verse l’eau de manière à baigner doucement le dieu. On fait chaque geste, chaque offrande, en pensant consciemment que le dieu est bien présent, conscient, et sensible à tout ce que nous faisons et pensons.

Se manifestant à eux, il leur révéla,
pour l’intérêt qu’il porte à leur épanouissement spirituel,
cette Conscience immaculée, qu’ils étaient dignes de recevoir...
C’est ainsi que Siva--en toute chose, à la fois l’Acteur et le Témoin, qui est éternellement dépourvu d’impuretés--défait de l’âme
qui lui était devenue une étrangère, son amas de liens.

Mrgendra-Agama

Leçon 51

Mardi
Croyance hindoue sivaïte 7
A propos du
dieu Skanda

Qui est-ce que le dieu Skanda, ou Muruga?
Le Seigneur Skanda, qui se nomme aussi Muruga, est un mahadeva, un grand dieu, le frère cadet de Ganesha, que Dieu Siva a créé pour assister les âmes dans leur évolution.

Le paramaguru Siva Yogaswami proclama:
C’est Dieu Siva qui accomplit toutes les actions. Considérez les douze mains du Seigneur Muruga: chacune d’elles accomplit une certaine action. Il rit, il pleure, il protège, il tue. Ses actions sont innombrables et incessantes. Ce n’est pas facile à comprendre, et encore moins facile à expliquer.

Gurudeva Sivaya Subramuniyaswami nous explique:
Si créa le Seigneur Muruga; Va devint son Vel. Ainsi Muruga est Si-Va agissant, allant de planète en planète, volant à travers la vaste substance de l’esprit. On peut bien nommer ce dieu «le Libérateur», éternellement disponible à ceux qui l’invoquent au moment de la détresse. Il est le Roi des rois, la puissance qui demeure dans leurs sceptres. Il est la force même de toute royauté, de toute majesté terrestre. C’est lui qui accorde l’autorité. Lorsque son Vel communique la force au sceptre des souverains, la justice règne, la sagesse enrichit l’esprit des citoyens, les pluies sont abondantes, les champs sont fertiles, et tout prospère. Il est le commandant-en-chef des armées angéliques, un guerrier spirituel exemplaire, un seigneur intrépide, combattant toujours pour la vertu. Il est le Satguru primordial, le Seigneur qui règne sur toutes les religions et les fois du monde. Il est lui-même le personnage central autour de qui chacune d’elles gravite. Vraiment, le Seigneur Muruga est un grand mahadeva que Dieu Siva donna au monde, à l’univers, et à vous-même.

En quoi est-ce que Muruga diffère de Ganesha?
Le Seigneur Ganesha guide l’âme doucement pendant son évolution première, tandis que le Seigneur Muruga, par sa puissance dynamique, insuffle à l’âme les connaissances spirituelles qui la font avancer avec vigueur jusqu’aux saints pieds du Seigneur Siva.

Le paramaguru Siva Yogaswami proclama:
O fils de Lanka! Dirigez-vous par la voie de la vertu afin de vous rattacher aux saints pieds de Muruga qui est en toute chose, qui est Lumière des lumières, et qui demeure au-delà de l’au-delà. Prosternez-vous chaque jour à ses saints pieds, et vous serez victorieux dans toutes vos entreprises.

Gurudeva Sivaya Subramuniyaswami nous explique:
Le Seigneur Ganesha, le dieu du temps et de la mémoire, dont la nature est Raison infinie, dont l’esprit ressemble à un ordinateur aux fonctions illimitées, le dieu qui est bien assis sur le chakra muladhara, veille à ce que tout être vivant se stabilise sur le chemin de l’évolution. Une fois que l’on est bien lancé sur ce droit chemin, c’est le Seigneur Muruga, dieu de la volonté, de la connaissance spirituelle, et de l’amour divin et pur comme celui d’un enfant, qui nous fait avancer vigoureusement le long de ce droit chemin, la religion, la loi de son Père. Ce dieu au teint de pourpre, bien assis sur le manipura chakra, bénit l’humanité et, lorsqu’on s’avance jusqu’à pénétrer les cieux intérieurs par la sadhana et le yoga, son domaine, il nous accorde encore davantage d’énergie spirituelle pour continuer le voyage. C’est lorsqu’on se met à adorer le Seigneur Muruga, qu’on s’engage sur le yoga-marga. C’est lui, ce dieu vierge, ce chef des moines, cher à tous les sannyasis, qui tient les rênes de la force de kundalini. Vraiment, le Seigneur Muruga est le Grand et l’Unique, telle que la forme peut bien se le représenter. Il est le dieu infiniment beau.

Même parmi les ténèbres de l’angoisse,
son visage aux six aspects ne cesse de briller.
Quand les périls abondent,
sa Lance divine signale: «Ne crains plus!»
C’est ainsi que dans le c¦ur de ceux qui répètent son nom,
il accorde ses pieds de grâce.
Partout et en toute chose existe-t-il.

Saint Nakkirar

Leçon 52

Mercredi
Je crois en le mahadeva, le Seigneur Muruga,
fils de Siva-Sakti
dont le Vel, sa grâce,
tranche les liens de l’ignorance.

Qu’est-ce que le Vel?
Le Vel est la lance du Seigneur Muruga, dont la pointe est le symbole du discernement spirituel, large et tranchant, qu’il nous faudra pour effectuer le pélerinage.

Le paramaguru Siva Yogaswami proclama:
A présent que vous avez compris combien la vie est passagère, saisissez bien les divins pieds du Seigneur dont le Vel accorde l’immortalité. Ils seront pour vous source de béatitude éternelle. Soyez convaincus de cette vérité, et prosternez-vous avec amour devant ses divins pieds.

Gurudeva Sivaya Subramuniyaswami nous explique:
La shakti du Vel est l’autorité qu’a le bien sur le mal. C’est la force du discernement juste et profond qui triomphe du désordre et de la confusion qui règnent dans les domaines inférieurs au chakra où s’assied le Seigneur Ganesha. Par ce Vel, son sceptre, Sa Majesté le Seigneur Muruga tient à un immense pouvoir. Lorsqu’il le lance, le Vel atteint toujours le c¦ur de la cible, et puis s’en revient de lui-même à sa precieuse main. Le Vel sacré nous récompense lorsque la vertu règne. Mais, lorsqu’on transgresse la loi du dharma, il devient la force déchaînée du serpent au remors venimeux qui contrarie tous nos efforts. Ainsi, le Vel sacré que brandit l’intelligence transcendante de notre Seigneur nous affranchit, au moyen du tapas, de notre ignorance, de nos vanités et culpabilités pour nous laisser enfin libres de manifester l’intelligence, la modestie, et la pureté qui nous sont naturelles. Le Vel nous inspire à accomplir notre sadhana et à protéger le saïva-dharma avec beaucoup de diligence. Vraiment, quelle étonnante puissance possède ce Vel qui fut confié à ce grand mahadeva.

Quand est-ce que le Vel tranche les liens de l’ignorance?
Les liens de l’ignorance consistent surtout de notre sens du moi, et de nos attachements, craintes, doutes, et mécontentements. Lorsque l’individu est suffisamment avancé, le Seigneur Muruga détruit tous ces liens pour révéler les qualités inhérentes à l’âme: le discernement spirituel et la compassion universelle.

Gurudeva Sivaya Subramuniyaswami nous explique:
Dans le Deuxième Monde, sur le plan astral, l’énergie se personnifie en se revêtant de forme, de couleur, et de son. Lorsque nous nous préoccupons, nous troublons notre propre esprit, ce qui nous cause à nous préoccuper davantage. Cette activité forme, autour du corps astral, des ballons de couleurs sombres, de sons discordants, et de formes étranges. Lorsque ces créations jouent sur le système nerveux physique, elles nous oppriment, et c’est alors qu’on se met à prier au Seigneur Muruga: «O Seigneur, délivre-moi de mon angoisse...» Nous faisons pénitence et implorons sa bénédiction. Instantanément, ce dieu de l’Action, ce dieu compatissant, ce dieu qui vainquit les asuras, lance son Vel dans le Deuxième Monde. Celui-ci transperce les sons discordants, les couleurs, et les formes, fait éclater le ballon et en libère ainsi les éléments qui s’envolent loin de nous, emportant avec eux l’obscurité qui recouvrait notre esprit. Nous venons d’être bénis, notre esprit qui était troublé est à présent éclairci, et nos soucis se sont évaporés. Le moi a reçu le coup de grâce, et le discernement spirituel prend naissance en nous. Le yogi, noué dans sa position de lotus, vénère Karttikeya, tandis que son esprit devient aussi calme et lucide que Saravana, le lac de l’Essence divine. Oh, vraiment, quel grand dieu compatissant que notre Seigneur Muruga.

Pourquoi ne supplié-je pas en chantant de saints cantiques
le dieu aux six visages de me soulager de ce désarroi
qui provient des attachements mondains?
Il est le Suprême qui sait déraciner
les illusions qui proviennent de ce monde...
O Seigneur Shanmukha qu’accompagne le paon guerrier!
O Grâce manifeste!

Saint Arunagirinathar

Leçon 53

Jeudi
Croyance hindoue sivaïte 8
A propos de
la science ésoterique du temple.

Qu’est-ce que «la coopération et l’harmonie entre les trois mondes»?
On dit qu’il y a cooperation et harmonie lorsque les mondes dense, subtil, et causal, agissent en concorde, et surtout lorsque les habitants de ce Premier Monde agissent consciemment en conformité avec les préceptes et prescriptions des mondes intérieurs.

Le paramaguru Siva Yogaswami proclama:
Lorsqu’on aura compris ce que sont les trois mondes, le dense, le subtil, et le causal, la Dame à la chevelure parfumée, Sakti, déversera sa douce grâce... Lève-toi de bonne heure et loue ses pieds rayonnants. Adore et mets-toi des cendres au front.

Gurudeva Sivaya Subramuniyaswami nous explique:
Il existe certains rites qu’on peut faire dans n’importe quel temple et qui invoqueront le sacrement, c’est-à-dire qui permettront à l’indivitu de communiquer directement avec les mondes intérieurs. Le moyen de communication le plus intime et efficace, c’est la prière écrite et adressée au deva, mahadeva, ou à Dieu lui-même. On la brûle dans le homa, où elle se désagrège et disparaît de ce monde. Elle se reconstruit instantanément dans le Deuxième monde, formant une image astrale que les devas reçoivent et lisent. Ils la font passer immédiatement, selon son contenu, à l’un ou l’autre des serviteurs de Dieu, celui qui est le mieux placé pour l’exaucer. Lorsque nous écrivons et brûlons notre prière, notre souhait, ou la confession de ce qui nous préoccupe, nous pouvons être sûrs que les devas la reçoivent, et se mettent tout de suite à la tâche pour y faire réponse. Mais ils ne peuvent rien faire à moins qu’on ne le leur demande. Telle est la loi occulte. Nous jouissons bien de la faveur divine, d’avoir à notre disposition de telles ressources dans notre religion sivaïte, vraiment: la plus joyeuse et illustre de toutes les religions.

En quoi consiste la dévotion au temple?
La dévotion au temple consiste en certaines cérémonies où les cloches, les clochettes, les flammes, les offrandes, les chants, et les cantiques attirent les devas et les mahadevas qui se manifestent dans leurs corps subtils, nous bénissent, et nous aident dans notre vie et évolution.

Le paramaguru Siva Yogaswami proclama:
Je ne cesserai jamais de rendre hommage aux saints pieds des dévots qui disent qu’il est bon d’offrir des fleurs et de faire chaque jour nos dévotions envers Celui qui me pardonne mes erreurs, l’essence de Panchakshara. C’est en accomplissant bhakti que viennent les trois autres yogas.

Gurudeva Sivaya Subramuniyaswami nous explique:
Ce n’est pas sans formalités qu’on se présente au directeur d’une grande entreprise, au général d’une puissante armée, à une célèbre vedette de cinéma, à un monarque bienveillant, à un président de la république, ou à un premier ministre, tandis qu’on espère obtenir sa faveur. Et ce n’est pas sans trépidations, sans une tenue exemplaire, ou sans préparatifs faits soigneusement à l’avance, qu’on se présente à Dieu en sa demeure. La préparation mentale et physique est l’essence de la dévotion. C’est dévotion que d’approcher Dieu correctement, de se présenter comme il convient, d’offrir notre amour, notre adoration, et puis enfin de soumettre notre prière, notre requête. C’est dévotion que d’être content de se trouver en sa présence et de ne pas être pressé de partir, qui serait malpoli. Après le puja, il sied mieux de rester un peu, de jouir de la shakti, sa Présence. Vraiment, c’est pour énumérer les grandeurs de notre grande religion, que la parole nous fut accordée.

Je suis à ta merci, O Siva,
Seigneur du temple de Tiruchattimutram
et de toutes les âmes célestes!
Ce sont les cinq sens qui m’ont ainsi possedé,
et m’emportent loin de tes divins pieds.
Le désarroi et l’angoisse ont étreint ce c¦ur
qui te prie, Seigneur, de lui accorder de ta lumière.

Saint Appar

Leçon 54

Vendredi
Je crois que la religion n’est autre que coopération et harmonie
entre les trois mondes, et que, grâce à la dévotion
et aux cérémonies qui ont lieu dans les temples,
les êtres habitant l’un et l’autre de ces trois mondes
peuvent se rapprocher et communier.

Qu’est-ce qu’un temple?
Le temple est le lieu où les trois mondes se sont donné rendez-vous. C’est la demeure vénérable et sanctifiée de Dieu Siva ou de l’un des dieux, par le centre de laquelle passe un rayon d’énergie spirituelle qui la relie au Troisième Monde.

Le paramaguru Siva Yogaswami proclama:
O Seigneur! O Etre primordial, qui accorde la béatitude aux dévots grandissants en amour! O Dieu suprême! Etre transcendant qui vit au temple de Nallur, transforme-moi, que je vive ici comme un dieu... En ce monde, vous pouvez acquérir une multitude de siddhis, mais ne vous égarez jamais du chemin de bhakti, et ne désobéissez pas aux bhaktas. Gurudeva Sivaya Subramuniyaswami nous explique:
Les temples sivaïtes sont les plus anciens du monde. C’est là où demeurent Dieu et les dieux. Sachant que le dieu y habite, nous devons nous en approcher avec grande révérence et beaucoup d’humilité. Présentez-vous au temple comme vous feriez à un roi, un gouverneur, le président de la république, en anticipant avec quelque appréhension votre audience. Les plus grands des temples sont les demeures du Seigneur Siva, où se trouvent aussi les appartements privés de ses deux fils et d’autres personnages de son entourage. Il y a assez de place dans chacun des temples à Siva pour lui-même et les trente-trois millions de dieux. Nous avons véritablement été bénis d’être sivaïtes, perpétuellement invités à toutes ses demeures n’importe où au monde. Telle est la grandeur de notre vénérable religion!

Où est-ce que les trois mondes arrivent le mieux à communier?
On peut adorer Dieu et communier avec lui et les mondes intérieurs n’importe où: soit au temple, à l’autel familial, ou au c¦ur de la contemplation du yogi. Mais c’est dans le temple consacré à Siva que les trois mondes arrivent à communier le plus parfaitement et le plus consciemment.

Gurudeva Sivaya Subramuniyaswami nous explique:
Dans la pièce consacrée à l’autel familial, les messagers du mahadeva qu’on y adore se réunissent pour écouter la prière du dévot et l’emporter à leur Maître. On peut adorer et invoquer les dieux n’importe où, pourvu qu’on y ait fait le sankalpam correct, ou préparation du lieu. Dieu est présent partout et en toute chose, car c’est lui qui créa tout, qui manifeste le temps, la forme, et l’espace, et qui existe même en ce qui sépare une forme de l’autre. On l’adore dans l’esprit, dans le c¦ur, par la gorge, et, chez le yogi plongé dans son yoga, dans le crâne, cette partie du corps étant la chapelle où l’on adore le Dieu suprême, Dieu Siva. Telle est la puissance de la dévotion et de la communion avec le centillion de devas, qu’il suffit du tintement d’une clochette, d’une lueur de flamme, d’un petit point rouge formé sur le front, d’une fleur offerte avec soin, pour que soient invoqués Dieu et les dieux. Après le puja, ou l’abhishekam, nous en sentons le résultat, le sannidhya, ou divine présence de la déesse, Mère de l’Amour, qui pénètre jusqu’aux derniers murs du temple. Vraiment, la finesse des ressources de notre religion proclame sa grandeur!

Le Dieu suprême est le saint Sivalingam,
l’âme incarnée est le puissant taureau,
et l’ignorance est l’autel consacré.
Ces choses se révèlent à ceux qui contemplent le temple à Siva...
Chariya, essentielle au salut, est le souffle
de la suddha-saïva en ce bas-monde.

Saint Tirumular

Leçon 55

Samedi
Croyance hindoue sivaïte 9
A propos de karma,
samsara, et la délivrance.

Qu’est-ce que le karma?
Karma, en sanskrit, signifie «acte» ou «action», et par extension désigne le principe de «la cause et de l’effet». Dans le sens ésotérique, karma désigne la somme de toutes les actions de nos vies, présente et antérieures, ainsi que les réactions qu’elles entraînent, le tout formant notre avenir. Mais karma ne signifie pas «fatalité», car à tout moment l’homme jouit pleinement du libre arbitre.

Le paramaguru Siva Yogaswami proclama:
Karma, c’est l’esprit en mouvement. Lorsque l’esprit est immobile, il n’y a plus de karma. Chaque action entraîne une réaction. Si on plante des courges, on récolte des courges. Si on sème la bonté, c’est la bonté qu’on récolte... On ne peut récolter que ce qu’on a planté soi-même. Or, on ne peut agir pour un autre.

Gurudeva Sivaya Subramuniyaswami nous explique:
Puisque chaque action entraîne une conséquence correspondante, les effets du karma peuvent être bénéfiques ou catastrophiques. Sagesse consiste donc à bien mener sa vie et anticiper la réaction avant d’agir. Toute réaction n’est pas nécessairement immédiate: certaines ont tendance à s’accumuler et rebondir soudainement. La pénitence est un karma qu’on s’inflige soi-même pour payer à l’avance la réaction qu’on anticipe en conséquence d’une certaine action. La pénitence bien accomplie intervient entre l’action et la réaction, équilibrant et radoucissant le karma.

Comment est-ce qu’on résout son karma?
En appliquant aux expériences de notre vie les principes de la religion, nous résolvons notre karma, en n’en créons pas de nouveau.

Le paramaguru Siva Yogaswami proclama:
On ne peut pas se débarasser du mal simplement en l’exposant. Ce n’est que lorsqu’on tâche d’être bon, honnête, et faire preuve d’amour, que le mal disparaît... Invoquez la grâce de Dieu et empêchez à l’esprit de vagabonder par la voie des sens. Répétez les cinq syllabes sacrées avant que les karmas du passé ne se soulèvent et vous accablent... Les événements se déroulent selon prarabdha-karma. Ils n’affectent pas l’âme. Mais l’homme, par simple habitude, s’identifie à ces événements, et devient alors sujet au plaisir et à la douleur.

Gurudeva Sivaya Subramuniyaswami nous explique:
La religion, la loi du Seigneur Siva, contient dans sa structure les actions et interactions qui sont capables de dissoudre les karmas négatifs, d’affirmer les karmas positifs, et d’amalgamer nos diverses énergies en un seul élan conforme au dharma. Quand on reconnaît quel est son dharma, et que la communauté le reconnaît aussi, alors on peut vivre son dharma. Le dharma bien vécu, bien accompli, nous fait éviter les aspects les plus rudes du karma. Et lorsqu’on s’adonne régulièrement à la sadhana, qu’on fait un pélerinage au moins une fois par an, et qu’on tâche de pourvoir aux besoins d’autrui, on invoque les énergies spirituelles qui dormaient en nous, nous avons le pouvoir de diriger nos esprits vers des pensées utiles, et nous évitons de fabriquer de nouveaux karmas opprimants. Ainsi, nos pratiques religieuses nous libèrent des lourdes chaînes du karma. En accomplissant notre dharma, nos devoirs sociaux et religieux en cette vie, nous nous disposons à connaître les mondes intérieurs en même temps que nous devenons de plus en plus efficaces dans le Premier Monde.

Comme le serpent qui change de peau,
comme l’oiseau qui sort de sa coquille,
comme le rêve qui s’évanouit au reveil,
ainsi l’âme, par la grâce de Siva, s’en va
de naissance en naissance,
arrivant au lieu destiné où elle éprouve les conséquences
des deux karmas, le bon et le mauvais.

Saint Tirumular

Leçon 56

Dimanche
Je crois en la loi du karma,
que toute âme doit elle-même récolter
l’effet de toutes ses actions,
et qu’elle continuera à se réincarner
jusqu’à ce qu’elle résolve tous les karmas
et parvienne à moksha, la délivrance.

Qu’est-ce que la réincarnation?
La réincarnation, ou samsara en sanskrit, est le cycle naturel de la naissance, la mort, et la renaissance. Quand on meurt, l’âme se détache du corps physique et du Premier Monde, vit au Deuxième Monde pour quelque temps, et puis renaît en ce Premier Monde.

Gurudeva Sivaya Subramuniyaswami nous explique:
Depuis toujours, le principe de la réincarnation est l’élément consolateur de notre religion, qui élimine la crainte innée de la mort. Les Sivaïtes ne craignent pas la mort, mais ne sont pas, pour autant, impatients d’y arriver. Chacun sait que sa vie est éternelle. La conscience, à un moment donné, quitte le corps physique et continue sans interruption à vivre dans le corps astral qui est une reproduction exacte du corps physique. Dans le Deuxième Monde, l’esprit continue, l’émotion continue, les amitiés et la parenté continuent. Puis, tout juste avant de se réincarner, l’âme se débarasse du corps astral, et, dans son corps naturel et lumineux, s’élève jusqu’au Troisième Monde, où elle demeure brièvement. Puis elle revient au Premier Monde pour entrer en un sein maternel. On ne peut échapper ni à la vie ni à ses expériences. Le suicide ne fait qu’intensifier et accélérer le karma, qui produira tout de suite une série de naissances inférieures. Il faudra alors plusieurs vies pour que l’âme puisse en revenir exactement au même point de son évolution où elle se trouvait lors du suicide, et puis faire face une fois encore au même embrouillement du karma, qui n’a jamais cessé d’exister pour elle, et tâcher cette fois de bien le résoudre. Ainsi tourne éternellement la grande roue de samsara. Afin de gagner une bonne naissance, nous devons vivre selon les lois naturelles du dharma, et passer par le karma qui est le nôtre pour cette vie, tout en gardant l’esprit positif.

Qu’est-ce que moksha?
Moksha est la délivrance. Lorsque moksha est atteinte, nous n’avons plus à renaître sur cette planète. L’âme continue alors à évoluer au Deuxième Monde, et puis plus tard, au Troisième Monde. Enfin, elle s’unira et se fondra dans le Seigneur Siva.

Le paramaguru Siva Yogaswami proclama:
L’homme peut arriver à connaître ses vies passées et futures. Mais en se débarassant du désir, il peut s’affranchir tout à fait du besoin de renaître... Durant toutes mes vies, il demeurait auprès de moi. Et c’est lui qui terminera cette vie présente. Et lui-même encore qui m’accorda la grâce de ne plus avoir à renaître.

Gurudeva Sivaya Subramuniyaswami nous explique:
Moksha se manifeste une fois que tous les karmas inutiles ont été résolus, que le dharma a été bien accompli, et que Dieu a été réalisé. Ainsi, avant d’atteindre moksha, l’âme doit avoir accompli tous les dharmas, toutes les castes, et vécu par toutes les diverses expériences de la vie, afin de n’être pas entraînée une fois encore à renaître à cause d’une action negligée. Moksha est le poteau indicateur qui signale que l’âme est dorénavant affranchie de samsara. Chaque Sivaïte qui poursuit le chemin spirituel cherche à atteindre moksha. Il sait que c’est là son objectif ultime, et qu’il y arrivera un jour. Pourtant, il sait aussi qu’il n’y arrivera pas nécessairement dans cette vie-ci, et ne s’imagine pas que cette vie sera la dernière. Bien qu’il ait eu de profondes expériences et réalisations spirituelles, le dévot sait bien qu’il reste encore beaucoup à faire sur cette Terre, et qu’il n’y a que quelques âmes exceptionnelles qui atteingnent moksha au cours de chaque siècle.

L’homme agit selon ses désirs. Après la mort,
il se rend au prochain monde portant dans son esprit
les empreintes subtiles de ses actions, et là,
il en récolte les fruits. Puis, il revient encore en ce monde d’action.
C’est ainsi que celui qui désire
se livre à la renaissance.

Brihadaranyaka-Upanishad