Le Catéchisme hindou Sivaïte

Chapitre Quatre

1. Le Mariage

2. Les Enfants et la Vie de famille

3. La Vie de moine

Leçon 22

Lundi
Soirée en Famille
Gurudeva nous apprend les deux chemins spirituels possibles:
celui de la vie de famille, et celui de la vie de moine.

Aspirant: Gurudeva, à quel âge doit-on se marier? Est-ce que c’est aux parents de choisir l’époux de leur enfant?

Gurudeva: Il est préférable, le plus souvent, de ne pas se marier avant l’âge de vingt et un ans for l’homme et dix-huit ans pour la femme. Et il est bon que les parents choisissent l’époux ou l’épouse.

Avant l’âge de vingt et un ans, on est généralement encore trop jeune pour savoir faire réussir le mariage. Beaucoup d’unions se brisent aujourd’hui parce que, simplement, elles avaient été fondées uniquement sur des illusions et attitudes de jeunesse. Mieux vaut attendre, mûrir, et avoir appris un peu à s’accomoder des choses et savoir faire résolument face aux difficultés qui font partie intégrante de toute vie conjugale. D’autre part, la culture sivaïte a toujours supposé que le choix du partenaire conjugal était le devoir des parents. L’union aura bien plus de chances d’être stable et heureuse si on compte sur la sagesse et experience des parents à savoir sur quelles qualités et considérations pragmatiques l’établir--considérations qui se prouveront sans doute bien plus constantes et solides que la plus tendre affection. En tout cas, que le couple se soit réuni d’une façon ou d’une autre, il devra toujours chercher les conseils et la bénédiction des deux familles.

Aspirant: Comment faire pour transmettre notre foi aux enfants?

Gurudeva: Surtout montrez-leur le bon exemple. Puis, faites preuve d’amour envers l’enfant et sachez sacrifier une partie de votre temps pour lui enseigner l’amour de Siva.

Ce sont les enfants qui auront bientôt la charge de perpétuer notre religion. Donc, décidez, dès aujourd’hui, d’apprendre à leur transmettre ces connaissances indispensables en vous qualifiant comme enseignant de ce catéchisme hindou. Vous n’aurez vraiment pas besoin d’autres aptitudes que d’aimer les enfants et vouloir leur bien. Il faudra simplement expliquer à leur niveau, savoir simplifier et éclaircir, en quoi votre intuition vous guidera. Et vous serez surpris de leur perspicacité dans cette matière mystique et psychique. Vous aussi, vous apprendez beaucoup en les observant.

Aspirant: Quels conseils avez-vous pour nous qui vivons en famille?

Gurudeva: Cherchez à connaître Dieu. Simplifiez la vie. Rendez service aux autres.

Et puis: pardonnez à céux qui vous offensent et vous blessent, respectez vos disciplines religieuses, soyez végétarien et harmonieux avec la nature, honorez vos invités, exprimez la joie par la musique, la peinture, le chant et la danse, obéissez à votre guru, suppliez le Seigneur Ganesha avant d’entreprendre dévotions ou toute activité, acceptez que tout est la volonté de Siva, transmettez la foi--en l’enseignant--à la prochaine génération, honorez et veillez sur parents et personnes âgées, adhérez fidèlement à la tradition sivaïte.

Aspirant: Est-ce que l’Ordre Saïva-siddhanta a une mission particulière?

Gurudeva: Oui. Notre Ordre prend part à la mission que m’a donné mon guru Siva Yogaswami, qui consiste à répandre le sivaïsme jusqu’en Occident et autour du monde.

Notre Ordre se range dans la tradition cénobitique où l’on vit en communauté, collaborant à la réalisation d’un objectif commun. Les swamis de cet Ordre ne sont ni des sadhus errants ni des contemplatifs. A cet effet ils travaillent avec leurs frères moines et surtout--et très méticuleusement--avec leur satguru en vue d’exaucer la mission qu’ils partagent communément. A l’heure de l’initiation, chacun s’engage dans la mission qui sera désormais la sienne: de propager et perpétuer le sivaïsme, servir les Sivaïtes du monde entier, et surtout les membres de l’Eglise saïva-siddhanta, enseigner et répandre les écritures saintes et autres littératures religieuses, disséminer nombre de renseignements pratiques à la vie spirituelle, promouvoir la construction des temples sivaïtes, et généralement et toujours, de faire preuve d’illumination et d’une tenue digne de notre guruparamparaï.

La vie ne vous donnera peut-être pas le temps de méditer. Dans ce cas, transformez tout ce que vous faites en méditation, en agissant avec dévotion et concentration. Complétez consciemment chaque chose entreprise.

Siva Yogaswami

Leçon 23

Mardi
Le Mariage
Le mariage est une sainte institution
dont le dharma, lorsqu’il s’accomplit,
pousse bien à l’avant l’épanouissement spirituel
des époux et des enfants.

Quel est le double objectif du mariage?
Le mariage vise, premièrement, à ce que les époux se soutiennent mutuellement dans leur vies matérielle et spirituelle, et deuxièmement, à ce qu’ils mettent des enfants au monde.

L’institution du mariage fournit à l’homme et à la femme l’occasion d’accomplir chacun son dharma respectif. C’est en cette union que les deux se complémentent autant sur le plan physique que sur les plans affectif et spirituel. Il a besoin de la douceur de sa femme, de sa compagnie et de son appui, autant qu’elle a besoin de la force physique, morale et spirituelle de son époux, et de son amour et sa compréhension. Et c’est grâce, enfin à leur union que la génération nouvelle apparaît, et que la race humaine se perpétue.

Est-ce que le mariage est une institution civile ou religieuse?
Le mariage est la fois un sacrement, une institution civile, et un contrat entre les époux.

Il y a trois apects au mariage: le religieux, le civil, et le personnel. En son aspect religieux, le mariage est un saint sacrement où les époux se vouent l’un à l’autre pour la vie et se promettent de toujours s’entraider au profit de leur vie spirituelle. En son aspect civil, le mariage est une institution légale par quoi la société se stabilise en préservant l’ordre, la bonne conduite et la tranquillité. Nous reconnaissons les deux cérémonies qui font le mariage: la cérémonie civile à la mairie, et la cérémonie religieuse faite au temple ou à l’autel familial. En son aspect personnel, le mariage est un contrat entre l’homme et la femme, où l’un promet de subvenir aux besoins matériels du foyer et de la famille, et l’autre de prendre soin de la maison, de porter les enfants, de veiller sur eux, et de les éduquer.

Est-ce que le mari doit toujours subvenir aux besoins matériels de la famille. Est-ce que la femme doit toujours demeurer au foyer?
Oui. A cause des différences physiques, mentales, et émotionnelles qui subsistent entre l’homme et la femme, il convient au mari de travailler dans le monde et à la femme de rester au foyer pour porter et élever les enfants.

Les différences innées entre les deux sexes servent à former pour l’un et l’autre un dharma humain spécifique. C’est le devoir du mari, son purusha-dharma, que de protéger et subvenir aux besoins matériels de sa femme et ses enfants. Par son caractère physique, mental et émotionnel, il est bien adapté à braver le monde et tout ce que cela implique. Lorsqu’il réussit à bien accomplir son purusha-dharma, sa femme et ses enfants se sentent bien protégés et jouissent d’une sérénité profonde. il peut, bien sûr, participer aux travaux de routine du foyer, mais sans oublier toutefois que c’est là le domaine de sa femme, et qu’elle en est la maîtresse. Et c’est le devoir de la femme, son stri-dharma, que de porter les enfants, de les nourrir, de veiller sur eux, et de les instruire. Ses qualités innées, son sens de l’intuition, par exemple, sa douceur naturelle, sa modestie, délicatesse et compassion, la portent tous à savoir spontanément ce qu’il faut faire pour bien élever l’enfant et lui fournir les conditions optimums à son développement. Le mari et la femme sont partenaires à titre égal, en bonne saison et en mauvaise, dans la joie et le chagrin, compagnons et collègues dont les rôles cependant diffèrent. Le femme peut bien être fière de la position importante dont elle est chargée, car c’est elle qui peut le mieux, parfois sans avoir à dire un mot, seconder son mari, et même à l’occasion le remonter. C’est elle qui est la mieux placée pour diriger l’éducation des enfants, et même diriger silencieusement la famille. C’est son devoir, à elle, d’entretenir et préserver le foyer et la famille, accomplissant quoi elle protège et perpétue la religion. Oui, il dépend d’elle de perpétuer la religion, car le foyer et la famille sont les bastions les plus solides de celle-ci. Il n’y a qu’elle qui puisse le faire. C’est pourquoi, tant que le mari parvient à subvenir aux besoins matériels de sa famille, la femme ne doit pas quitter le foyer pour travailler à l’extérieur. L’avantage matériel que ce travail peut bien apporter ne compensera jamais, à la longue, l’immense perte spirituelle et le karma qui s’ensuit. C’est le devoir de l’homme de s’assurer que sa femme n’aura jamais à travailler dans le monde.

Quel est l’objectif des rapport sexuels?
L’union sexuelle sert à exprimer et embellir l’amour conjugal, et à rapprocher les époux pour la procréation.

La sexualité est une fonction naturelle, instinctive et humaine dont les plaisirs servent à rapprocher et unir l’homme et la femme pour que l’enfant se conçoive. Par son caractère intime, la sexualité sert aussi à accroître et exprimer l’amour. C’est l’amour croissant qui transforme l’acte sexuel et l’ennoblit.

Que nos vaches soient généreuses,
nos b¦ufs puissants, et nos chevaux lestes.
Que nos femmes soient chez elles avec époux et enfants...
Que le celeste Parjanya accorde ses pluies.
Que nos arbres fructifient.
Que nos efforts et nos repos mènent également à bien.

Yajur-Veda

Leçon 24

Mercredi
L’amour croissant ennobli l’élan sexuel et
fait une union véritablement spirituelle.
Il est préferable d’épouser quelqu’un de sa religion.

Est-ce que l’union sexuelle se réserve uniquement aux gens mariés?
Oui. La sagesse impose que l’intimité sexuelle se limite soigneusement au mariage.

On ne rcommende pas de s’adonner à la sexualité avant le mariage. Il est de loin préférable que les fiancés restent vierges. Leur union future n’en sera que plus forte et mieux ancrée. Cet ancien principe de moralité repose sur une vérité ésotérique cruciale: le système nerveux humain comprend de nombreux nadi (nerfs subtils) où courent les énergies psychiques et subtiles. Lorsque l’homme et la femme s’unissent, les nadis de l’un et l’autre se soudent, d’où provient une véritable union des corps et des esprits. Pour ceux qui se marient vierges, l’union ainsi faite est puissante et complète à tous les niveaux. Les époux sont un; il s’entendent et ne se séparent ou divorcent presque jamais. Dans le cas contraire, les rapports psychiques et affectifs en souffriront ainsi que leur union, écart qui se manifestera proportionellement au nombre des liaisons antérieures. Pour que l’union conjugale soit véritable à tous les niveaux, dont le spirituel, la sexualité doit lui être strictement réservée. C’est dans ces conditions que l’amour pourra mûrir et fructifier tout naturellement au cours des années, et que l’union se révèlera de plus en plus profonde et heureuse. Les époux doivent faire preuve de compréhension, et ne pas refuser la sexualité ou exprimer des exigences excessives. Une attitude saine et modérée doit régner dans le foyer. On devra enseigner aux garçons et aux jeunes filles de protéger leur chasteté comme un trésor, estimer la fidélité conjugale, et éviter l’adultère, même par la pensée.

Est-ce qu’on est obligé de se marier dans sa religion?
Le Sivaïte n’est pas obligé de se marier dans sa religion, mais la sagesse indique qu’il est bien préférable que les époux soient de la même religion.

Lorsque le Sivaïte se marie hors de sa religion, il crée pour la personne qu’il épouse, pour ses enfants, et pour lui-même, des situations futures bien pénibles, de la mésentente et même des conflits. Il est bien difficile, en effet, pour le couple dont les croyances fondamentales diffèrent, d’être un appui spirituel pour l’un l’autre. Leur mariage aura plutôt tendence à les éloigner de leurs religions respectives que de favoriser l’épanouissement de leurs âmes. Il est bien préférable qu’ils partagent les mêmes croyances et pratiques religieuses. Le respect mutuel, l’harmonie, et l’entente profonde qui s’installera alors entre eux, s’établira en même temps dans l’esprit de leurs enfants. Et ceux-ci pourront alors s’épanouir librement dans leur religion et devenir des lumières pour la communauté hindoue et sivaïte. S’il arrive qu’un Sivaïte se marie hors de sa religion, ce ne doit être qu’à condition que chaque époux soit libre de pratiquer sa religion et que les enfants soient élevés en Sivaïtes, sans être soumis à des croyances ou coutumes contraires.

Quelles sont les lois qui régissent l’avortement, la limitation des naissances, la stérilisation, le divorce, la masturbation, l’homosexualité, le remariage et la polygamie?
Ces pratiques ne sont ni jugées ni condamnées par la religion sivaïte qui n’établit pas, pour ses fidèles, de lois et de règles en toute question de sexualité. Le fidèle doit invoquer la sagesse, et se référer à la tradition et aux principes de bonne conduite.

Notre religion ne fait pas la loi en ce qui concerne les questions très personnelles de la sexualité. Celles-ci sont plutôt confiées à la sagesse de l’individu et aux lois et coutumes locales et communautaires. La religion sivaïte n’est ni rigide ni condamnatrice envers aucun aspect de la vie. En cette matière, il est recommendé de chercher conseil envers les aînés, les ministres, et les chefs spirituels.

Vertu de grihasta consiste à accomplir les devoirs envers:
ancêtres, Dieu, invités, parents et soi-même.
Amour et vertu sont toute la raison d’être de la vie de famille, et son aboutissement.
L’épouse irréprochable fait le bonheur du foyer.
Les enfants sages en sont la richesse.
En tête de tous ceux qui recherchent moksha,
on trouvera celui qui mène dignement sa vie domestique.

Saint Tiruvalluvar

Leçon 25

Jeudi
Les Enfants et la Vie de famille
Si parents et enfants
accomplissent leurs devoirs respectifs,
le bonheur règne dans la famille.

Quelle est la plus grande source de bonheur dans le mariage?
Ce sont les enfants qui font la plus abondante source de bonheur dans le mariage.

L’union conjugale s’enrichit et se comble lorsque naissent les enfants. Généralement, plus il y a d’enfants, plus la famille est bien unie et heureuse, et c’est toujours à souhaiter que la famille sera nombreuse dans la mesure, bien sûr, où les resources permettront. Gurudeva nous a enseigné: «C’est la naissance des enfants qui exauce le dharma du grihasta. L’arrivée du premier fonde la famille et soude définitivement l’union des parents. Au moment même de la naissance, c’est toute une délégation de devas gardiens du Deuxième Monde, à la fois ceux de la mère, du père, et de l’enfant, qui assistent et qui bénissent. Leur présence collective rayonne puissamment par tout le foyer et le transfigure. Ce n’est, dès lors, plus un endroit ordinaire; il vibre à présent de plénitude et de chaleur. Le devoir des époux est de devenir parents. Ils en seront bien récompensés, et surtout s’ils ont plusieurs enfants. Et les enfants aussi seront heureux s’ils ont des frères et des s¦urs.»

Quels sont les devoirs des parents envers leurs enfants?
Le devoir principal des parents consiste à bien abriter, nourrir, et habiller leurs enfants, et à pourvoir à leur santé et sécurité. Le devoir secondaire consiste à leurfournir une instruction générale, comprenant la religion et la morale.

Le devoir qu’aucun parent ne doit négliger, c’est de pourvoir à la santé et au bien-être physique des enfants. Autrement, sur les plans moral et spirituels, les parents doivent, d’une part, s’assurer qu’ils apprennent les principes de la religion et de la bonne conduite, et, d’autre part, tâcher toujours de leur montrer le bon exemple. Ils doivent faire en sorte que les enfants grandissent avec le sens du devoir, de l’honneur, de la dignité et de la discipline. Ils devraient assister régulièrement au puja à côté de leurs parents et recevoir tous les samskara (sacrements) sivaïtes. C’est le devoir des parents de fournir une instruction générale à leurs enfants, y compris en matière de sexualité, qu’on leur présentera franchement en appuyant sur son caractère sacré et sur l’importance de garder la chasteté jusqu’au mariage. Tout enfant sivaïte doit apprendre à respecter les lois civiles, à écouter les aînés et leur obéir. Les parents ont comme devoir d’aimer leurs enfants et de leur apprendre à aimer à leur tour. Ils ne doivent jamais oublier que l’enseignement le plus efficace, c’est de montrer l’exemple. C’est par la vie qu’ils mènent, que les parents apprennent à leurs enfants à vivre. Le paramaguru Siva Yogaswamil nous a dit: «A cause du matérialisme moderne, le visage des jeunes a perdu de son éclat.»

Les parents doivent-ils être stricts?
Les parents doivent être diligents quant à apprendre la vertu aux enfants, et les protéger des mauvaises fréquentations et des influences néfastes. En même temps, ils doivent leur laisser assez de marge pour qu’ils puissent s’exprimer et se développer librement.

Les enfants sont des éponges qui absorbent tout ce qui les entoure. Les parents doivent donc surveiller de très près ce que ceux-ci absorbent et apprennent, sans pour autant être trop opprimants. Si on ne corrige pas l’enfant, il grandira avec ses fautes. Il n’y a que les parents qui puissent fournir les guides indispensables que l’enfant recherche, qui puissent veiller sur son éducation, son instruction religieuse et sa formation spirituelle, sur ses distractions et ses fréquentations. Ses parents doivent lui faire connaître dès son plus tendre âge nos saintes écritures, et surtout le Saint Kural. Toutes les filles et la plupart des garçons devront être instruits en vue de leur vie conjugale future. Et les filles devront être formées soigneusement en chacun des arts ménagers et dans les beaux-arts. En général, c’est la mère qui fournit encouragement et amour, et le père qui corrige et discipline. Gurudeva nous a appris: «Les enfants, qu’ils soient jeunes, adultes, ou âgés, ont chacun leur propre karma et dharma. Ce sont les parents qui sont redevables à leurs enfants pendant qu’ils sont enfants, situation qui ne se renversera que plus tard. Le karma s’équilibre, et la communauté se perpétue, lorsque toute action se suit d’une transaction qui jouit du consentement général, où le karma s’efface dans l’action. C’est alors la joie et la béatitude des parents, ainsi que celles des enfants qui ne leur appartiennent que jusqu’à l’âge de la puberté.»

Que le fils soit loyal au père et s’entende avec sa mère.
Que les paroles de l’épouse soient douces et agréables.
Qu’aucune haine ne subsiste entre frères ou s¦urs, mais
que tous d’une même intention et unanimes,
s’entretiennent en concorde...
Que l’homme respecte la richesse, et la recherche
par la prière et l’intégrité.

Atharva-Veda et Rig-Veda

Leçon 26

Vendredi
Si chacun y met du sien
et fait bien attention à ces quelques principes,
alors le bonheur conjugal et familial sont à notre portée

Doit-on encourager tous les enfants à se diriger vers le mariage?
Tout enfant qui ne s’apprête pas à devenir moine, doit être encouragé à se marier. Et c’est au foyer qu’on doit commencer à former les garçons qui expriment le désir d’être moine.

En règle générale, on doit apprendre aux enfants de s’apprêter pour l’un ou l’autre des deux modes de vie qui s’ouvrent devant eux: le mariage ou la vie de moine. La plupart choisiront la vie de famille, et ceux-là devront être formés en conséquence, les garçons recevant une instruction spécialisée en vue d’une carrière, et les filles se perfectionnant dans les arts ménagers et les beaux-arts. Quand un garçon exprime une tendence vers la vie de moine, ses parents ne doivent jamais tenter de l’en décourager. C’est une grande bénédiction pour la famille entière lorsqu’un fils devient moine sivaïte. Gurudeva nous a enseigné: «Les familles sivaïtes devraient encourager leurs garçons à servir la religion pendant deux années en fonction de missionaires ou en vivant dans un monastère sivaïte, avant d’entrer dans la communauté des grihastas.»

Comment fait-on pour que le bonheur règne dans la famille?
Pour être heureux, le mariage doit tout d’abord se fonder sur une conception réaliste de l’amour, plutôt que trop idéaliste. L’amour véritable exige abnégation de soi, et bienveillance constante. Ce n’est que là où les deux époux s’évertuent à faire preuve d’un tel amour qu’on trouvera un mariage heureux.

Il est important de ne pas se marier trop jeune afin de fonder l’union sur des idées et des sentiments sages et mûrs. L’homme devrait avoir au moins vingt et un ans, et la femme dix-huit ans. Une grande sagesse est au c¦ur de la coutume qui a joué un rôle important dans l’histoire et la culture sivaïtes: celle où les parents choisissent l’époux de l’enfant. L’union ainsi fondée est généralement solide et heureuse grâce à la sagesse des parents qui ont mis en jeu des condérations pratiques et réalistes qui seront encore valables longtemps après que l’amour de jeunesse se serait évanoui. Mais il ne s’agit pas, assurément, d’arranger ainsi tous les mariages. L’amour profond et véritable doit savoir endosser les responsabilités, accomplir les devoirs, et faire face aux moments pénibles. Ce qui est important, c’est de choisir un conjoint qui partage les mêmes idées que soi à propos de la vie et du mariage, qui tienne à élever les enfants en bons Sivaïtes, sur qui on puisse compter, qui soit chaste, et avec qui on pourra persévérer dans ses dévotions et méditations. Considérez toujours que le mariage est une union sainte dont l’objectif est de faire progresser les deux époux en spiritualité. Il existe une excellente coutume où les fiancés formulent ensemble et signent un contrat où chacun promet d’accomplir ses devoirs conjugaux respectifs. Ainsi les deux se donnent l’occasion de constater clairement quel sera l’effort à faire pour réussir leur union, plutôt que de se laisser croire que le bonheur viendra tout seul. L’objectif réaliste et pragmatique pour fiancés et époux, c’est de créer ensemble un foyer solide autour duquel pourra graviter toute leur vie, qui sera source d’énergie et d’inspiration, un foyer qu’on tiendra propre et beau, qui sera leur refuge spirituel, à eux et à leurs enfants, un milieu sanctifié où leurs âmes pourront progresser spirituellement dans la tranquillité et dans la joie. Tâchez, au moyen d’un train de vie pur, de concevoir des enfants aux âmes évoluées. Entreprenez des activités et des projets où vous aurez l’occasion de travailler ensemble, et même où les enfants pourront vous joindre. C’est en collaborant qu’on se rapproche l’un de l’autre. Que votre attitude envers la sexualité soit toujours saine, qu’elle ne devienne jamais un pion qu’on offre en récompense, et qu’on refuse pour punir. Vous pouvez toutefois, si vous le désirez tous les deux, pratiquer la continence de temps à autre. Ne perdez jamais le respect l’un pour l’autre; cherchez au contraire toujours de nouvelles profondeurs dans l’amour et dans la compréhension. Ne vous disputez pas; ne vous injuriez pas. Ne vous critiquez pas, même par la pensée, car cela détruira tous vos rapports. Sachez passer sur les fautes, et soyez patients et maîtres, toujours, de vos émotions, sinon ce seront elles qui vous maîtriseront, vous et votre famille. Apprenez à discuter paisiblement et à chercher ensemble les solutions aux difficultés qui se présentent. Ne vous livrez jamais à la jalousie, et ne soyez pas méfiants. Faites preuve de confiance l’un en l’autre, et montrez-vous toujours dignes de cette confiance. Que vos invités ne restent pas chez vous plus de trois jours d’affilée, à moins qu’il ne s’agisse de parents. Recherchez l’abondance, mais ne soyez pas mécontents de ce que vous possédez. Vivez toujours dans la mesure de vos moyens. Etudiez sans relâche le Saint Kural, et pratiquez sa sagesse. Aux heures de peine et de découragement, prenez conseil auprès des membres de votre famille, de vos aînés, et de vos chefs spirituels. Gurudeva nous a dit: «Pour que l’union conjugale soit saine et heureuse, il faut que les énergies subtiles soient équilibrées. Pour accomplir son devoir, le mari doit diriger. La femme qui tente de le faire à sa place affaiblit son époux. Elle doit être modeste afin qu’il soit hardi. Celle qui veut dominer son mari en manipulant son esprit pour un gain matériel, «pour son bien à lui» bien sûr, elle se retrouvera matée par la nature en forme de sentiments d’angoisse, de crainte, et de culpabilité. Cette période pénible pour elle ne se terminera que lorsqu’elle se sera rendue compte qu’il y va du dharma de son mari d’écouter ce qu’elle a à dire, et d’accepter ses douces suggestions, mais que par contre, ce même dharma ne l’oblige nullement à les suivre.»

Le devoir du père se parachève
au moment où on accorde à son fils
une place d’éminence dans l’assemblée des sages.
Le devoir filial se parachève lorsqu’on entend dire:
«Mais, par quelles austérités
a-t-il bien pu mériter un tel fils?»

Saint Tiruvalluvar

Leçon 27

Samedi
La Vie de moine
Puisque ce n’est pas le dharma de tous de se marier
l’hindouisme fournit une deuxième voie possible:
le haut et noble chemin du moine.

Quels sont les deux objectifs principaux de sannyas?
Les deux objectifs principaux de sannyas sont, d’une part, de favoriser le progrès du moine et le mener à l’union mystique en Parasivam, et d’autre part de protéger et perpétuer la religion sivaïte.

Depuis toujours, ascètisme et renoncement ont fait partie intégrante de la culture sivaïte, et l’on considère que de les pratiquer avec dévouement, c’est poursuivre la voie spirituelle la plus élevée du dharma hindou. La vie de moine vise à un double objectif, l’un personnel, et l’autre universel. L’objectif personnel consiste à canaliser conscience, pensées, et toutes les énergies vers Dieu Siva. C’est ainsi que le sannyasi fait le sacrifice ultime: qu’il renonce à toute ambition personnelle, et à tout engagement dans les affaires du monde. Au cours des années qui suivent son initiation, et grâce au satguru qui veille sur lui, le sannyasi s’avance pas à pas le long du sadhana-marga, et s’épanouit intérieurement, découvrant en lui-même des connaissances de plus en plus profondes. Et, s’il persiste, il arrive enfin à l’union mystique en Parasivam, ou réalisation du Soi, la Réalité transcendante. Le deuxième objectif de sannyas, l’objectif universel, est de protéger et propager la religion sivaïte par l’enseignement et la dissémination de ses vérités. Les swamis compétants sont les précepteurs, les théologiens, les modèles de la foi et les éclaireurs du chemin que le reste de l’humanité pourra suivre. Le paramaguru Siva Yogaswami nous a enseigné: «Je te salue, O noble sannyasi qui ne connaît plus d’artifices! Tu as fait de ton c¦ur un sanctuaire où peut se manifester l’Immaculé, l’Essence de Panchakshara! Toi qui prend les autres pour toi-même, qui en ce monde peut se comparer à toi?»

Qui est-ce qui est compétent à recevoir et à conférer l’initiation de sannayas?
C’est l’homme qui, entre autres qualités, est jeune, célibataire, et de la religion sivaïte, qui qualifie pour l’initiation en sannyas. Tout sannyasi légitime est compétent à initier un autre, mais la plus puissante et la plus estimée des initiations est celle qu’on reçoit d’un satguru.

La vie de moine est, dans la religion sivaïte, réservée aux hommes célibataires. En notre Ordre, on ne peut entrer dans les ordres de sannyas et prêter serment pour la vie que si on a commencé sa formation monastique avant l’âge de vingt-cinq ans, et qu’entre autres aptitudes, on ait terminé une période formative d’au moins douze années. Il n’y a qu’un swami, c’est-à-dire un sannyasi, qui puisse initier un autre en cet ancien ordre de sannyas. Mais, puisque l’objectif principal de cette vie est de réaliser Parasivam, la plupart des candidats cherchent à être initiés par une âme très avancée, unie à Dieu, qui puisse les amener, eux aussi, à cette même union. L’initiation, ou sannyas-diksha, peut se faire en toute simplicité, ou par une ample cérémonie qui consiste à donner la tonsure, à faire part de certains enseignements ésotériques, et à entendre de la part du moine l’abjuration de sa vie et dharma antérieurs. Lorsqu’il a prononcé ses v¦ux, le nouveau sannyasi reçoit formellement ses vêtements kavi. Gurudeva nous a enseigné: «Faites bien attention lorsqu’on vous promet de grands épanouissements de kundalini. Avancez avec précaution lorsqu’on vous propose des récompenses qui suivront de rigoureuses disciplines. Celles-ci sont souvent enseignées à l’aspirant qui n’est prêt ni à les recevoir ni à faire face à leurs conséquences. Souvent encore, ces initiateurs représentent un «yoga» divorcé de l’hindouisme et du sivaïsme et qui n’aura donc pas tous les appuis et les soupapes de sécurité du yoga traditionnel. Avant d’entrer dans cette vie très exigente, le candidat doit être soigneusement apprêté, doit avoir suivi pendant de nombreuses années le chemin traditionnel des sadhanas dépourvues de récompenses, seul, séparé de ses chers parents et amis. Ce n’est qu’alors qu’il peut, sans danger, se mettre à escalader les hauteurs du yoga. Le jnana qui s’ensuit proclame la profondeur de leur connaissance, et la grandeur de la foi qu’ils enseignent. Il faut bien des années pour que l’âme mûrisse à ce point.»

Quels sont les v¦ux que le sannyasi prononce?
Le sannyasi prête serment pour la vie, et fait v¦u de pauvreté, d’obéissance, et de chasteté.

Le yoga se développe au long des huit pratiques...

Il y a cinq chemins à suivre: la purification, la sérénité, l’acètisme, l’étude, et la dévotion envers Dieu. La réussite dépend de la maîtrise du souffle: l’exalation, la rétention, et l’inhalation. Lorsque la forme particulière du sujet de concentration a été explorée et comprise, nous sommes alors en méditation.

Suprabheda-Agama

Leçon 28

Dimanche
La vie de moine bien vécue mène aux objectifs spirituels ultimes;
elle est donc nécessairement exigente.
C’est pourquoi il faut satisfaire de nombreuses conditions préalables
Avant de qualifier pour l’initiation.

Les v¦ux du sannyasi, tout comme ceux que prononcent le mari et la femme, sont faits pour la vie, et ne peuvent jamais êtres abandonnés ou annulés. Le premier des trois v¦ux du sannyasi se nomme en tamoul ahatturavu, le v¦u solennel du renoncement (ou de pauvreté). Par ce serment, le sannyasi se voue à l’abnégation de sa personne limitée, du moi, pour donner son libre essor à l’âme, qu’elle puisse atteindre les régions éthérées du Soi impersonnel. Il renonce à tout engagement mondain et à son dharma d’autrefois. Ainsi épouse-t-il une vie de simplicité dénuée de biens personnels. Il ne possède absolument rien en ce monde, même pas le vêtement kavi qu’il porte. Par le deuxième v¦u qu’il prononce, tallvu ennum tanmaï, le sannyasi prête serment de vivre une vie d’obéissance, vouée à respecter les traditions du sanatana-dharma et les instructions de son satguru. Ce v¦u implique aussi obéissance à la voix de la conscience personnelle, aux préceptes des saintes écritures, à la volonté de Dieu et des dieux, et aux enseignements du guru-paramparaï. Puis il prononce le troisième, le v¦u de chasteté, tirukaranasutti, par quoi il se voue à demeurer toujours pur, autant par ses actions, que ses pensées et ses paroles. Il prête serment d’être continent pour le restant de ses jours, et de veiller sans ralâche à ce qu l’esprit ne soit jamias envahi de pensées et de sentiments bas, tels que: duplicité, haine, rancune, vanité, jalousie, colère, fierté, ou convoitise. Il promet, par ce même v¦u, de vivre ahimsa, ou éviter toute violence, même en pensée, de dire la vérité, et de se limiter à un régime végétarien. Outre ces trois v¦ux traditionnels, le sannyasi qu’on initie dans notre Ordre saïva-siddhanta, fait encore deux v¦ux; celui d’humilité, ou pannivu, et de confiance, ou rahasiyam.

Est-ce qu’il existe d’autres moines à part les sannyasis?
Oui, il y a des moines qui n’ont pas fait v¦u de pauvreté pour la vie, et qui travaillent et enseignent au sein de l’Eglise saïva-siddhanta et de l’Académie himalayenne.

Les hommes célibataires qui entreprennent leur formation monastique avant l’age de vingt-cinq ans peuvent devenir tapasvis-postulants et s’apprêter ainsi à entrer dans les ordres de sannyas. Ils portent le kavi jaune. Les veuf et les hommes célibataires qui ont entrepris leur formation monastique après l’âge de vingt-cinq ans peuvent devenir sadhakas-postulants. Ceux-ci se distinguent par leurs vêtements de blanc. Les sadhakas et tapasvis sont moines en vertu des quatre v¦ux qu’ils ont fait, et qu’ils renouvellent tous les deux ans. Mais il n’ont pas renoncé totalement au monde, et n’ont pas prêté serment pour la vie. Il font v¦u d’humilité, d’obéissance, de chasteté, et de confiance. La femme non mariée peut poursuivre l’antique tradition sivaïte de la brahmacharini, où elle se voue à la continence, prononce certains simples v¦ux, et porte l’habit blanc. Elle ne vit pas, à vrai dire, une vie monastique. De nos jours, certains swamis se sont mis à initier des femmes en sannyas. Cette pratique ne saurait être moins orthodoxe. Gurudeva nous a dit: «Il n’est pas difficile d’entreprendre une vie pré-monastique où l’on ne s’engage que pour six mois à la fois. Il y a des brahmacharis et des brahmacharinis qui se réunissent pour former des gurukulam indépendantes ci et là dans le monde, des hommes et des femmes qui se suffisent à eux-même et qui collaborent à la realisation de leur commun idéal. On leur donne le fil sacré qu’ils attachent cérémonieusement autour de la ceinture, symbolisant la vie de chasteté où ils se sont engagés, où les energies subtiles et sacrées de leur être seront contenues et dédiées à l¦uvre de Dieu Siva. Dieu Siva salue ses brahmacharis et brahmacharinis.»

Quels sont les quatre stades de la vie monastique dans l’Eglise saïva-siddhanta?
Les candidats à la vie monastique passent par quatre stades: aspirant, suppliant, postulant, et sannyasi.

Le candidat à la vie monastique en l’Eglise saïva-siddhanta devient tout d’abord un aspirant participant a un programme pré-monastique qui dure dix-huit mois, vivant en une gurukulam ou même parfois dans le monastère même. L’aspirant fait v¦u de chasteté pour un période de six mois, après quoi il peut renouveler. S’il s’intéresse toujours à la vie de moine après ce stage, il peut devenir suppliant, c’est-à-dire qu’il supplie d’être admis dans la communauté monastique. Il vivra alors pendant six mois au monastère, où il recevra instruction et encouragement, tandis qu’il s’apprête à faire ses voeux de deux années. Une fois qu’il qualifie, il prononce solennellement les quatre v¦ux du sadhaka-postulant. Le sadhaka porte l’habit blanc et travaille en sivanadiyar, serviteur de Dieu Siva. Selon son karma et dharma personnels, il demeurera sadhaka toute sa vie, ou bien deviendra tapasvi après quelque temps et s’apprêtera alors à entrer dans les ordres.

Par un effort soutenu, retenez les sens.
Par la maîtrise du souffle, règlez les activites vitales.
Comme le conducteur du char restreint ses chevaux excités,
l’aspirant qui persévère arrive à restreindre ses pensées.

Svetasvatara-Upanishad