Le Catéchisme hindou Sivaïte

Chapitre Trois

1. Puja

2. Écritures sacrées

3. Saints, des sages et des gourous sam

Leçon 15

Lundi
Soirée en Famille
Gurudeva donne des aperçus sur le puja,
les écritures saintes, et la sainteté.

Aspirant: Gurudeva, comment faire pour n’avoir plus de doutes à propos des rites?

Gurudeva: Etudiez la question. Et tâchez de comprendre le fonctionnement du temple astral qu’on ne voit pas. Imaginez ce que ça peut être que de vivre au devaloka et regarder dans notre monde. Essayez de pénétrer mentalement dans le mécanisme interne du temple hindou. Puis, quelles que soient vos perceptions à propos de cet autre monde qui est en dedans du nôtre, gravez-les bien dans votre subconscient.

Bientôt vous saurez sans plus aucun doute ce qui se passe dans le temple interne, et pourquoi on doit faire le puja chaque jour, et correctement. Vous verrez clairement ce qu’il faut faire pour que votre puja redouble d’efficacité, comment développer une attitude toujours plus illuminée à son égard. Vous verrez pourquoi l’autel personnel est le centre sacré de votre foyer, et pourquoi vous devez l’entretenir soigneusement et ne pas négliger. C’est là qu’habitent les devas tandis qu’ils vous protègent, vous illuminent le chemin, maintiennent une ambiance de pureté en désintégrant systématiquement toute manifestation mentale non favorable qui pourrait venir s’installer chez vous. Il y va de leur devoir d’aimer, protéger, et pourvoir aux besoins de tous les dévots de Siva. Quand on cultive soigneusement son puja personnel, c’est toute notre vie qui s’améliore. Il importe de savoir la signification des gestes et des paroles du puja. A cet effet nous avons publié, dans les Saïvadharmashastras, le traditionnel et très efficace Atmarthapuja (puja personnel pour l’autel familial) qu’on peut chanter en Sanskrit, en Tamoul, en Français ou toute langue moderne. Commencez à faire ce puja tout de suite pour adorer Dieu Siva chez vous comme il nous a demandé de faire.

Aspirant: Comment faire pour s’y retrouver dans cette immense quantité d’écritures Hindoues?

Gurudeva: L’hindouisme ne se fonde pas, comme les autres religions, sur une seule écriture. D’ailleurs, aucune ¦uvre unique ne pourrait jamais contenir l’immensité de ses connaissances et enseignements. Ses écritures sont donc innombrables, et en effet, on pourrait bien s’y perdre. C’est pourquoi nous avons recueilli les principales écritures de notre nathasampradaya en une Sainte Bible de l’Hindouisme Sivaïte, disponible en plusieurs langues modernes.

Cette Sainte Bible s’est prouvée bien égale à la tâche, mettant les précieux enseignements aisément à la portée de tous. Une fois que vous possédez votre copie des écritures saintes, gardez-les soigneusement dans votre sanctuaire familial, et lisez chaque jour. Il n’est pas besoin d’être un érudit pour s’inspirer de ces grands ouvrages. Lisez régulièrement, et lorsque, de temps à autre, se soulèvent les tempêtes du karma, ils seront votre secours et votre refuge. Ils vous donneront la force de persévérer.

Aspirant: Y a-t-il des saints de nos jours?

Gurudeva: Eh oui! Vous aussi, vous pouvez être un saint ou une sainte. Vous n’avez qu’à vous connaître, et vous dévouer au travail désintéressé. Vous direz peut-être: "Facile à dire. Le faire, c’est autre chose...". Vous avez raison; ce n’est pas facile. Cependant les portes sont là, grandes ouvertes, même en cette vie présente.

Au cours de ces leçons, vous commencerez à ressentir ce que peut bien être le côté mystique de notre religion, et à entrevoir les grandes possibilités qui s’offrent à toute et chaque âme de cette planète. Innombrables sont les occasions de s’améliorer, disponibles toutes au Sivaïte qui s’évertue à trouver Siva dans son prochain, et à percevoir franchement ses propres défauts qu’il considérera simplement comme autant d’obstacles à franchir. Constater les défauts d’autrui ne nous aidera nullement, mais voir et admettre les nôtres, c’est un grand avantage. Persévérez donc courageusement, ayez confiance, suivez l’exemple de nos saints, et le saint qui vit déjà en vous s’épanouira tout naturellement. Le Sivaïte cherche toujours à manifester cet être profond de lui-même, ainsi qu’à rendre service, et poursuivre le dharma. Il est humble, modeste, et s’il arrive que sa sainteté se fasse remarquer, alors il avoue vite ses fautes et loue le bien qu’il voit chez son prochain.

Si, ayant appris la grandeur du Seigneur
à la couronne de cheveux enmêlés et
ornés de fleurs ruisselantes de miel,
vous voulez briser toutes les attaches,
venez vite rejoindre ceux qui ne cessent plus d’adorer
ses saints pieds aux bijoux étincelants.

Saint Manikkavasagar

Leçon 16

Mardi
Notre Cérémonie sacrée, le Puja
Le rite est une discipline intérieure et personnelle
pour laquelle il convient de bien s’apprêter.

Qu’est-ce qu’un puja?
La célébration du puja est une des activités les plus sacrées et importantes de la vie sivaïte, car c’est le moment où on invoque Dieu et les dieux pour exprimer toute notre dévotion et amour.

Par cette très sainte cérémonie, le puja, nous appelons Dieu et prions qu’il nous accorde sa grâce. Le puja est notre sainte communion où abondent merveilles, mystères, et tendres sentiments. Toute notre vie religieuse gravite autour de l’heure où on le célèbre, moment où nous nous rapprochons tout près et tout consciemment de notre dieu bien-aimé. La forme extérieure du puja peut varier selon l’occasion et selon la prière qu’on voudrait offrir. Pareillement, la dévotion peut se manifester diversement. Le puja peut servir, par exemple, à exprimer amour, ou reconnaissance, confession, pénitence, prières simples ou ardentes, à recevoir un sacrement, assister à une fête ou festival, ou enfin, chercher Dieu par la contemplation profonde dans les régions superconscientes de l’esprit. Le puja peut être extrêmement complexe, détaillé, et tout à fait orthodoxe, ou bien n’être qu’un simple rite quotidien qu’on célèbre chez soi au sanctuaire familial où n’importe quel membre de la famille peut officier. Ce rite personnel, ou atmartapuja, se célèbre souvent matin et soir dans les familles où règne la piété. Le paramaguru Siva Yogaswami nous a dit: "Si on offre aux saints pieds du Tout-Puissant chants et fleurs, même si on ne sait rien d’autre, on atteindra au salut. Matin, midi et soir, chantez vos louanges".

Pendant le puja, est-ce que nous adorons vraiment l’image sculptée?
Non. Nous adorons Dieu et les dieux qui, par leurs pouvoirs célestes, sont capables d’habiter l’image.

Non, l’image divine ou murthi, n’est pas un simple symbole du divin; l’effet est bien plus profond que cela. Toute la sainte cérémonie sert a rendre le murthi digne de la presence divine et, au point culminant du puja, Dieu ou le dieu vient littéralement, en son corps étherique, habiter dans l’image. C’est un évènement céleste et bien mystèrieux qu’on peut comparer à une conversation téléphonique. Lorsqu’on parle avec un être cher au telephone, on ne parle pas au telephone, bien sûr! Nous nous servons simplement du telephone--pour parler à un être--qui vit peut-etre à des milliers de kilomètres. Sans le téléphone, on ne peut pas franchir ces distances en un instant. Et sans l’image consacrée, on ne peut pas facilement franchir tout ce qui nous sépare ordinairement des autres mondes. On peut sentir et reconnaître la présence divine dans le murthi. Et le dieu, lui, peut s’en servir comme d’un corps physique temporaire, ou comme d’une conduite qui atteint notre monde et par quoi il nous innonde d’amour, de puissance, et de bénédictions. Lorsque nous grandissons en dévotion, nous apprenons à révérer l’image du dieu, parce que nous comprenons qu’elle est effectivement sa présence physique, qu’elle est le lieu dans ce monde où il se manifeste régulièrement à nous, et où nous pouvons facilement le contacter. Nous savons qu’il est présent et conscient dans cet objet pendant la sainte cérémonie, conscient de nous, de nos pensées et nos sentiments, et qu’il ressent même le toucher du prêtre sur la pierre ou le métal.

Comment se prépare-t-on pour le puja?
Avant d’aller au temple pour assister au puja, on s’apprête soigneusement. On se baigne, on met des habits propres, on se calme l’esprit, et on prépare une offrande.

L’effet que produira notre visite au temple dépend autant d’une soigneuse préparation que de notre dévotion. Avant d’assister au puja, ou de le célébrer, on doit se baigner, se rincer la bouche, mettre des vêtements propres, bien repassés et préférablement, si la coutume locale le permet, des saris pour les femmes et vetti, ou dhoti, et châle blancs pour les hommes. On choisit et on prépare ensuite l’offrande. Si c’est l’heure du repas, on remettra celui-ci à plus tard. Tout pendant ces préparatifs, nous prenons soin d’éviter toute pensée indigne ou mondaine, nous occupant plutôt à chanter des mantra, des cantiques ou les noms de Dieu tout bas ou à haute voix. Le paramaguru Siva Yogaswami nous a enseigné: "Embrassez tout l’univers par vos pensées. Ne négligez jamais vos prières ou les pujas. La prière est aussi importante au développement spirituel que la nourriture au corps physique. La prière n’est pas une fin, c’est un moyen d’atteindre. Adorez Dieu sans rien réclamer. Adorez-le par amour pur d’abord. Ensuite, faites vos demandes".

Que signifient les gestes et les paroles du prêtre?
Le prêtre est un savant en matière de dévotion. Au moyen de mantras, de mudras, et de rites ésotériques, il sait invoquer la présence divine.

A quoi bon les connaissances
Si elles n’ont pas mené aux saints pieds
de celui qui est la Connaissance même?

Saint Tiruvalluvar

Leçon 17

Mercredi
Chaque geste et parole du prêtre a son sens ésoterique.
Outre les dévotions faites au temple,
nous célébrons le puja à lautel familial
tous les jours, et préférablement à l’aube.

Dans le temple sacré, personne, autre que le prêtre qualifié, ne peut entrer dans le sanctuaire, toucher l’image divine, ou célébrer le puja. Le prêtre, à chaque geste qu’il fait, et à chaque parole qu’il prononce, doit suivre fidèlement les indications des Agamas, afin de tirer du puja toute sa puissance ésotérique. Pour se purifier avant de célébrer l’office divin, il accomplit scrupuleusement ses ablutions et certaines disciplines indiquées. Et puis c’est l’atmosphère du temple, et surtout celle du sanctuaire, qu’il purifie rituellement. Pour lancer le puja, il médite d’abord sur le Seigneur Ganesha et le prie d’enlever tout ce qui pourrait nuire à la communion entre les trois mondes. Puis il supplie le dieu à qui il a dédié la cérémonie de venir demeurer dans l’image, d’accepter les offrandes et l’amour des dévots, d’entendre leurs prières, et de répandre son amour sur eux et par le monde. Il offre des grains de riz, le feu de camphre, de l’encens, du vibuthi (saintes cendres), de l’eau, du kumkum, du turméric, des fleurs, et de divers aliments. Parfois il fait un abhishekam, cérémonie où on verse par dessus l’image du lait, de l’eau de rose, du yaourt, ou de la pâte de bois de santal. A certains moments du puja, on fait sonner de grosses cloches, et, s’il se trouve des musiciens spécialisés, on entendra aussi de la musique de trompette, de tambour, ou de nagasvaram. A tout moment, le prêtre honore et veille tendrement sur Dieu, le sert et lui rend hommage comme il convient au Roi des rois. La cérémonie terminée, le prêtre distribue aux fidèles le prasadam, ou une partie des offrandes que le dieu a acceptées et qui se trouvent, par ce fait, sanctifiées.

Qu’est-ce qu’un archana?
L’archana est un genre de puja où on prononce le nom du dévot devant le dieu pour invoquer une bénédication particulière et personnelle.

On peut demander au prêtre de faire un archana à chaque fois qu’une situation pointe, ou qu’un évènement spécial s’annonce dans notre vie, et pour lesquels on aimerait recevoir la bénédiction du dieu. Cette demande se fait généralement au temple et tout de suite après le puja principal. Le dévot apportera souvent une offrande, des fleurs et des fruits, qu’on aura lavés et sur quoi on aura évité de porter le souffle, des saintes cendres, kumkum, encens, camphre, eau de rose, pâte de bois de santal, et une offrande en espèces destinée au prêtre--le tout disposé joliment sur un plateau. Le prêtre nous demande notre nom, notre nakshatra, c’est-à-dire: en quel jour du mois lunaire, ou sous quel signe de la lune, nous sommes né. Si nous ne savons pas, nous lui disons simplement notre signe du zodiaque, Capricorne, par exemple. Il nous demande enfin quel est notre gotra, le nom du rishi auquel notre famille s’associe. Les membres de l’Eglise saïvasiddhanta, s’ils ne possèdent pas d’autre gotra disent: Subramuniyagotra. Le prêtre, après avoir communiqué tous ces renseignements au dieu à haute voix, fait un puja écourté qu’il destine uniquement à la personne, famille, ou au groupe en question, pour invoquer une bénédiction spéciale. La cérémonie terminée, le prêtre rendra le plateau et la plupart des offrandes au fidèle qui les avait apportés. Gurudeva nous a dit: "Commander un archana et faire prononcer à haute voix notre nom, nakshatra, et gotra devant le dieu, c’est nous identifier à lui et le supplier de bien vouloir réviser nos karmas, passés et futurs, et les mettre suffisament au point pour que notre requête se manifeste correctement".

Quelle est l’importance de l’autel familial?
Chaque Sivaïte maintient chez lui un sanctuaire personnel ou familial qui est le c¦ur du foyer. C’est un prolongement du temple, une demeure pour le dieu que nous adorons, et pour les devas gardiens des membres de la famille.

Tout foyer sivaïte gravite autour du sanctuaire familial, une pièce mise à part où on cultive une ambiance semblable à celle du temple. C’est là que les membres de la famille célèbrent le puja, lisent les écritures saintes, accomplissent leur sadhana. C’est là qu’ils méditent, qu’ils chantent des bhajans et répètent leur japa. Dans le sanctuaire familial bien entretenu, on peut nettement sentir la présence de Dieu, et on ne peut s’empêcher de penser à lui, tellement l’ambiance y est très pure. Suivant la tradition, on célèbre le premier puja avant le lever du soleil (s’étant baigné auparavant) pour consacrer la nouvelle journée. Ceux qui y sont initiés, chantent le mantram gayatri. Mais on peut faire d’autres pujas à n’importe quelle heure de la journée. Ainsi, chez les familles pieuses, on se tourne vers Dieu régulièrement, au moins une fois chaque jour, souvent le matin et le soir, lui offrant fleurs, encens, et, avant nos repas, une partie de notre nourriture. Le dernier puja se déroule d’ailleurs généralement le soir juste avant le dîner. Cette cérémonie familiale est simple: on invoque le dieu, le plus souvent le Seigneur Ganesha, et on le supplie de se manifester dans le murthi et d’accepter nos offrandes ainsi que notre amour. Après l’arati, l’offrande de la lumière, on le prie de bien vouloir répandre sa grâce sur nous, notre famille, et tous les fidèles.

Adorons le Souverain,
le Lumineux.

Svetasvatara Upanishad

Leçon 18

Jeudi
Les saintes Ecritures
Les enseignements éternels se contiennent tous
dans les Vedas, les Upanishads, et les Agamas.

Quelles sont les plus anciennes écritures sivaïtes?
Nos écritures les plus anciennes sont les Veda, composées il y a plus de 3 500 ans. Il existe quatre Vedas: le Rig, le Sama, le Yajur, et l’Atharva.

Les Vedas, écrites en ancien Sanskrit, sont dites sruti, "révélées", c’est-à-dire qu’elles sont d’origine divine, révélées directment à l’homme par Dieu et les dieux. Il n’existe pas, en ce monde, d’écriture religieuse plus ancienne. Le paramaguru Siva Yogaswami nous a dit: "On peut arriver au sommet en grimpant pas à pas. Mais il est des êtres exceptionnels qui, à l’aide de sruti, guru, et perspicacité personnelle, s’envolent et montent comme des aigles".

Qu’est-ce que les Vedas contiennent?
Les Vedas contiennent deux genres d’écriture. On y trouve d’une part, de nombreux cantiques de louanges, de prières, ou d’invocations que les prêtres adressent aux dieux au cours des cérémonies védiques, et d’autre part, une série de dialogues où certains rishis font part à leurs disciples de leurs réalisations spirituelles.

Chaque veda se divise en quatre sections: les samhita, les brahmana, les aranyaka, et les upanishad. Les trois premières sections consistent de cantiques, de directives pour bien les chanter, et de descriptions détaillées des nombreuses cérémonies et de leur sens mystique. L’influence de plusieurs traditions religieuses se dégage de ces sections. Ainsi, on y trouve des allusions non seulement à Siva, Muruga et Ganesha, mais à de nombreux autres dieux encore. La quatrième section est celle de la philosophie: les upanishads. Upanishad signifie: "S’asseoir avec dévotion près d’un être", soit près d’un guru qui répond aux questions de ses disciples et leur explique spontanément la nature de Dieu, de l’âme, et du monde.

Quelle est l’écriture sivaïte fondamentale?
Ce sont les Agama sivaïtes, ou Saïvagama, qui font autorité dans la religion sivaïte et qui l’expliquent toute entière. Elles sont, comme les Vedas, sruti, écritures révélées. Elles ont été rédigées en Sanskrit il y a plus de 2 000 ans.

Il existe vingt-huit agamas en tout, qui décrivent la religion hindoue-sivaïte dans tous ses aspects. Chaque agama se divise en quatre sections: chariya, kriya, yoga, et jnana. La section chariya énumère les principes moraux et les pratiques religieuses que le dévot doit respecter dans sa vie ordinaire. La section kriya décrit tout ce qui concerne la dévotion et le temple, autant les convenances que respectent les prêtres et les dévots que les principes d’architecture, les règles sur l’installation du murthi ou l’aménagement d’un festival. Et c’est dans la section yoga qu’on trouve une description des huit yogas, du plus élémentaire au plus avancé: yama, niyama, asana, pranayama, pratyahara, dharana, dhyana, et samadhi. Et enfin la section jnana consiste en un exposé détaillé de la philosophie sivaïte, de Pati (Dieu), pasu (l’âme), pasam (le monde), et des rapports qui existent entre eux. C’est bien, en effet, toute la religion sivaïte qui se révèle grâce aux saintes Agamas.

Pourquoi le Tirumantiram de Tirumular est-ils unique parmi les écritures sivaïtes?
La qualité très spèciale du Tirumantiram est qu’il rend en un seul volume tous les enseignements essentiels des vingt-huit agamas. En particulier, les deux grands fleuves philosophiques, Siddhanta et Vedanta, se rencontrent et se réunissent en cette ¦uvre.

J’accompagne ceux qui cherchent Dieu.
J’accompagne ceux qui chantent ses louanges.
Le Seigneur bénit ceux qui le recherchent,
et je recherche, moi, leurs saints pieds...
Là où abondent les sages de Siva, le malheur ne peut plus empiéter,
Prospérité et bonne Fortune frappent aux portes,
et le pays devient un paradis.

Saint Appar

Leçon 19

Vendredi
En plus des srutis, les Sivaïtes vénèrent
le Tirumantiram, le Tirukkural, les cantiques devarams,
et les enseignements de leur guruparamparaï.
Pour nous, les Natchintanaï de Siva Yogaswami sont écriture sainte.

Tirumular, le grand saint sivaïtem, était tout d’abord un yogi accompli, un être qui avait réalisé en lui-même les profondes vérités spirituelles. Et ce sont sur ses propres réalisations ainsi que sur les Agamas qu’il se base pour écrire son Tirumantiram. Ce sont tous les principes de la religion sivaïte qu’il articule clairement et succinctement, et de telle manière que nous pouvons aisément en tirer le sens pratique et appliquer à notre vie. L’ouvrage, en son essence la plus profonde, n’est ni un cantique de dévotion ni un exposé intellectuel. Il s’adresse à l’homme au-delà du c¦ur et de la raison, et se base plutôt sur la perspective du yoga, cette reine des sciences qui mène l’homme à se connaître lui-même, science que Tirumular expose et exalte tout au long de ses 3 000 versets. Ainsi le fidèle qui veut s’adonner à la sadhana et au tapas y trouvera tous les principes du sadhanamarga, le chemin par quoi on met les principes religieux activement en pratique en sa propre vie. Plutôt que d’écrire en Sanskrit, le langage religieux traditionnel, Tirumular composa ses vers en Tamoul, la langue courante de l’Inde du Sud. Ainsi, son ¦uvre réussit à mettre les grands enseignements éternels à la portée de tous. C’est pourquoi on appelle le Tirumantiram "l’agama tamoule". Il fait partie de notre Sainte Bible de la Religion hindoue-sivaïte.

Quelle est l’importance du Tirukkural du saint Tiruvalluvar?
Le Tirukkural se distingue comme la plus grande écriture de moralité du monde. On la considère le Dharmasastra tamoul.

Le saint Tiruvalluvar a composé son Tirukkural il y a plus de 2 000 ans, ¦uvre qui expose, en forme de couplets lyriques, tous les principes de moralité dont on peut bien avoir besoin toute sa vie durant. Il comprend cent trente-trois chapitres de dix couplets chacun. Chaque chapitre dépeint une qualité ou un défaut humain, et chaque couplet est un aperçu sur cette qualité ou défaut, tellement tranchant le plus souvent, qu’il transmet en un instant une compréhension profonde et inoubliable. On peut bien dire que cette ¦uvre est la sainte écriture du chariyamarga. Le Tirukkural, ou "saint Kural", qu’on admire aussi en tant qu’¦uvre littéraire géniale, la plus grande en langue tamoule, fait partie de la Sainte Bible de la Religion hindoue-sivaïte. Le paramaguru Siva Yogaswamis nous a dit: "Apprenez à vous connaître. Vous n’avez pas à étudier. Pourtant l’étude est l’une des formes du yoga. Etudiez bien le Tirukkural".

Y a-t-il d’autres écritures importantes à notre vie religieuse?
Outre les écritures philosophiques et morales, nous tirons grand profit des enseignements écrits de notre guruparamparaï ainsi que des nombreuses ¦uvres de dévotions, dont les cantiques des quatre samayachariya: les saints Sambandar, Appar, Sundarar et Manikkavasagar.

Les quatre saints--Sambandar, Appar, Sundarar et Manikkavasagar--ont tous vécu entre les VIIe et IXe siècles, lors de la grande renaissance sivaïte dont ils étaient en grand partie la cause. En bhakta exemplaires, qui ne vivaient que pour Dieu, ils pélerinaient constamment tout à travers le pays tamoul, visitant d’innombrables temples à Siva, et chantant les louanges des murthis qu’ils y trouvaient. Partout où ils passaient, par leur simple présence, par la qualité de leur dévotion, et par leurs belles chansons, qu’on a nommées depuis "cantiques devaram", ou simplement "les devarams", ces grandes âmes gagnaient tous les c¦urs sivaïtes. Notre religion ne consiste pas en une révélation fixe, ou figée une fois pour toutes. Ainsi, les écritures du guruparamparaï de Siva Yogaswami sont pour nous autant d’authentiques écritures saintes, qui font autorité dans notre vie religieuse quotidienne. Nous comprenons parmi celles-ci les Natchintanaï ("bonnes pensées") de Siva Yogaswami et les écritures de Gurudeva, Sivaya Subramuniyaswami.

Quelle est la voie spirituelle que Siva Yogaswami préconise dans ses Natchintanaï?
Notre paramaguru nous recommende vivement sivathondu et sivadhyanam, altruisme et méditation.

Notre croyance en Dieu est absolument nécessaire, mais elle ne peut, d’elle-même, nous mener à la délivrance. Durant toute sa vie, et notamment dans les Natchintanaï, Siva Yogaswami enseigne les principes du sadhanamarga. C’est-à-dire que croyance et connaissance doivent être complémentées par le travail, la discipline, l’épanouissement personnel, la purification, et surtout: la transformation intérieure. Notre sadhanamarga consiste en partie à étudier et mettre en pratique les principes du Saint Kural, et suivre ce précieux mahavakiam de notre paramaguru: "demeure summa", sache rester tranquille, calme, silencieux et contemplatif. Il nous a enseigné encore: "Apprends à savoir qui tu es. Il faudra d’abord apprendre à te concentrer. Exerce-toi à te souvenir de Siva sans relâche, et à le trouver partout. Contemple sa forme, et fais ce qu’il demande. Transforme tout ce que tu fais en sivathondu. Renonce à l’égoïsme, et fais ton sivadhyanam. Si tu fais ça, tout s’accomplira bien pour toi".

Ressemblance à Siva
provient de proximité de lui, et
communion avec lui.

Suprabhedagama

Leçon 20

Samedi
Les Saints, les Sages, et les Satgurus
Comme le chef de cordée qui mène au sommet,
le satguru nous mène à la Vérité.

Qui sont les personnes saintes de la religion sivaïte?
Dans la religion sivaïte, le terme "personne sainte" désigne l’être qui, grâce à ses dévotions et méditations, communie avec Dieu et les dieux. On en distingue trois catégories: le saint proprement dit, le sage, et le satguru.

La religion sivaïte, à tout moment de son histoire, a été favorisée par l’existence de nombreuses personnes saintes. C’est l’une de ses plus grandes richesses. Nous disons qu’elles sont saintes à cause de leur grand amour pour Dieu Siva et les dieux, leur dévouement envers notre foi, et leurs profondes perceptions. Parce qu’il est extrêmement difficile d’être à un tel point dévoué, nous vénérons tout naturellement ceux qui ont ainsi gagné la grâce de Siva. Bien que nous ne les adorons pas au même titre que les dieux, nous portons envers eux de tendres sentiments, leur rendons hommage, et tâchons de nous laisser influencer par leur sagesse et suivre leur exemple.

Quelle différence y a-t-il entre un saint, un sage, et un satguru?
Le saint est celui qui a perdu tout égoïsme, et dont la vie est un modèle de dévotion, paix, humilité, et pureté. Le sage est pur comme le saint, mais contrairement à lui, il peut paraître ordinaire. Et généralement, il n’enseigne pas. Le satguru, lui, est une âme tout à fait épanouie et illuminée qui nous assiste dans notre vie religieuse et notre développement spirituel.

La religion sivaïte est variée et ne possède pas d’unique hiérarchie ecclésiastique ou autorité centrale qui puisse canoniser les saints ou reconnaître officiellement les satgurus. Ce sont les admirateurs, les dévots, et les disciples qui reconnaissent ces chefs spirituels d’après leurs vies et leurs ¦uvres, et qui leur accordent l’autorité. Une fois reconnus, on les écoute et on leur obéit en toute question religieuse. Nous rendons hommage à nos saints, dont la pureté de c¦ur se révèle dans leurs gestes et leurs paroles, et qui, par leur exemple, nous apprennent à vivre notre foi et servir Dieu Siva. Il existe aussi, dans notre religion, des êtres tout aussi purs et avancés, mais qui ne laissent pas paraître leur réalisations spirituelles. Nous les appelons des "sages". Ils vivent souvent en reclus ou en mendiants, pélerinant de lieu en lieu, n’ayant ni gîte ni bien. Et, parmis tous nos hommes saints, nous honorons surtout les satguru, car c’est leur grâce qui nous mène à la plénitude de la vie spirituelle. Le satguru est toujours un célibataire et swami initié, appartenant à une guruparamparaï, ou lignée spirituelle, reconnue. Nous disons que le satguru est Siva lui-même. Ce n’est pas dire qu’il est une incarnation de Siva, car il demeure toujours âme individuelle, mais une âme individuelle qui vit en union constante avec Siva. Siva habite également en toute âme, mais on le reconnaît plus facilement dans la forme illuminée du satguru. Ce que nous adorons chez le satguru, c’est le divin qui se révèle en lui, et non pas son aspect humain. Le paramaguru Siva Yogaswami nous a appris: "C’est le Guru qui transcende toutes les modulations de la forme et des attributs, qui surpasse tout ce qui est limité, et incarne la plus haute sagesse. Gurubhakti est la plus puissante des bénédictions. Chérissez-la".

Qui sont les plus éminents des saint sivaïtes?
Parmi les nombreux saints personnages de l’histoire sivaïte, nous rendons hommage surtout à ces six: les saints Tirumular, Tiruvalluvar, Appar, Sundarar, Sambandar, et Manikkavasagar.

Quand nous parlons des quatre nayanar (serviteurs dévoués du Seigneur Siva), ou des quatre samayachariyas, nous faisons allusion aux saints Appar, Sundarar, Sambandar, et Manikkavasagar. Nous les estimons surtout pour les magnifiques cantiques devarams qu’ils ont composés et chantés en louange de Dieu Siva par tous les temples de l’Inde du Sud, et qui forment aujourd’hui la majeure partie de nos saintes écritures traditionnelles. Nous honorons aussi le saint Tiruvalluvar qui a écrit l’incomparable ¦uvre de moralité, le Tirukkural, et le saint Tirumular, le sage, siddhar, et yogi qui a composé le Tirumantiram. Ces six personnages sont les plus éminents parmi les nombreux saints qui peuplent les pages de l’histoire de notre religion, depuis les temps les plus anciens jusqu’à nos jours. Le paramaguru Siva Yogaswami nous a appris: "Suivez les préceptes des voyants, et surtout ceux des quatre Saints. Suivez les traces des grands Maîtres".

Ces aspirants sincères qui, dès qu’il aperçoivent quelque sage, offrent révérence par la parole, le geste et la pensée, ou donnant parfums, fleurs, eau, fruits, encens, vêtements et nourriture, ceux-là sont absolus dans l’instant même.

Devikalottaragama

Leçon 21

Dimanche
Parmi les innombrables âmes saintes de l’hindouisme,
nous trouverons ceux qui sont des modèles, d’autres
qui cachent leur realisation, les gurus
qui servent de guide, et bien d’autres encore.

Qui est le paramaguru Siva Yogaswami, et qu’est-ce que la paramparaï qui porte son nom?
Siva Yogaswami qui vivait dans le nord de Sri Lanka de 1872 à1964, était un siddhar et le satguru de notre Gurudeva, Sivaya Subramuniyaswami. Ainsi est-il notre paramaguru.

Notre patrimoine spirituel provient de la lignée des siddhars qui vivaient en Inde du Sud et à Sri Lanka, et qu’on nomme aujourd’hui la "guruparamparaï Siva Yogaswami". Le premier satguru de cette lignée dont l’histoire se souvienne, était celui qui se nomme simplement "le rishi des Himalayas". Il a initié son successeur, Kadaïtswami, qui ensuite a émigré à Sri Lanka pour y propager les enseignements de la saïvasiddhanta. Il a initié Chellapaswami qui a initié l’éminent Siva Yogaswami, qui à son tour a initié notre vénéré Gurudeva Sivaya Subramuniyaswami au jour de la pleine lune, en mai 1949. Siva Yogaswami a atteint son mahasamadhi le 24 mars 1964, après avoir règné en chef spirituel de la religion sivaïte à Sri Lanka pendant plus de cinquante ans. Gurudeva nous a appris: "Notre sivaparamparaï est des plus illustres! Depuis plusieurs siècles, il n’a fait que préserver le sanatanadharma en sa totalité, et le transmettre intact d’une génération à l’autre en le faisant vivre et fleurir dans le c¦ur de certains individus, et dans l’esprit collectif. Nous voyons qu’aujourd’hui l’¦uvre de cette paramparaï continue à s’épanouir et s’élargir, allant jusqu’à conquérir l’esprit occidental".

Y a-t-il d’autre termes désignant les personnes saintes de notre religion?
Oui. Il existe une quantité de termes qui désignent les aspirants, les précepteurs, et les illuminés de la religion sivaïte.

Achariya--Un enseignant respecté. Synonyme de "assan".

Brahmachari--Homme ou jeune homme célibataire qui aspire à une vie spirituelle, qui pratique la continence, s’adonne à certaines disciplines, et a souvent prononcé de simples v¦ux.

Brahmacharini--Femme ou jeune femme célibataire qui aspire à une vie spirituelle, qui pratique la continence, s’adonne à la discipline (qui consiste généralement d’actes de dévotion, ¦uvres charitables, et éducation des enfants) et qui a parfois prononcé de simples v¦ux.

Guru--Littéralement, personne qui enseigne en n’importe quelle matière. Toutefois ce mot sert le plus souvent à désigner un maître spirituel.

Ma--Terme affectif et respectueux qui désigne une femme exemplaire.

Muni--Personne vouée au silence, qui ne parle que rarement ou jamais. Par extension: celui qui a atteint la sérénité, qui sait demeurer summa. Il vit souvent en reclus.

Pandit--Un savant brahmane, généralement marié, qui enseigne et qu’on consulte en matière de moralité.

Rishi--Un voyant, un sage généralement très âgé et hautement vénéré qui sait souvent voir au-delà du présent.

Sadhaka--Un aspirant sérieux qui s’évertue en sadhana, pratiques et disciplines spirituelles.

Sadhu--Un chercheur spirituel, ou homme saint, généralement un sannyasi et un ascète qui va de lieu en lieu, mendiant, n’ayant ni gîte ni bien.

Sannyasi--Homme célibataire qui a renoncé au monde afin de réaliser Dieu et servir l’humanité, et qui, après une formation rigoureuse, a été initié selon les règles dans les ordres de sannyas par un sannyasi qualifié.

Satguru--Maître spirituel qui a réalisé Dieu et qui se rend responsable du développement spirituel de ses disciples, ou sishiyas.

Siddhar--Homme qui a atteint les hauteurs mystiques. Etre consommé, yogi accompli, qui possède certains pouvoirs spirituels.

Sishiya--Disciple qui s’est prouvé digne et qui a formellement accepté le satguru qui le formera.

Swami--Synonyme de sannyasi, ou moine sivaïte. C’est également un titre qui peut se placer avant ou après le nom, ou qui peut servir de nom.

Tapasvi--Un ascète qui cherche à se purifier au moyen d’austérités, pénitences, et disciplines rigoureuses.

Yogi--Celui qui pratique le yoga, et plus précisément, le rajayoga.

Le brahmachari, par sa seule existence, édifie ce monde et le prochain.
En lui, les devas se réunissent et se réjouissent.
Il soutient la Terre et le Ciel.
Il accomplit, par cette austérité, son rôle d’achariya...
Par cette austérité qu’est la continence,
le roi protège l’état,
et l’achariya trouve son disciple.

Atharvaveda